Atelier pelotes du 18 février à Flers

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Samedi 18 février après-midi, une dizaine de personnes se sont réunies à Flers pour décortiquer des pelotes de réjection.

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Mais c’est quoi des « pelotes de réjection » ?

Les pelotes de réjection sont des boules rejetées par les oiseaux rapaces, les corvidés (corneilles et corbeaux) ou encore les laridés (mouettes et goélands) par exemple. Elles contiennent les éléments durs et non digérés des proies qu’ils avalent en entier, comme les poils, les os, les coquilles, ou même les arêtes des poissons en ce qui concerne les martins-pêcheurs. Ces éléments non digérés s’accumulent dans le gésier, estomac tout en muscle, qui les compacte. L’oiseau rejette alors cette « pelote » par le bec lorsque qu’elle atteint un certain volume.
Les rapaces diurnes (faucons, buses…) rejettent essentiellement des pelotes en poils agglomérés. Les rapaces nocturnes (hiboux, chouettes…), dont les sucs digestifs sont moins puissants, produisent des pelotes dans lesquelles les squelettes sont complets ou quasi-complets.
On retrouve les pelotes parfois par hasard, isolées et laissées au hasard des déplacements de l’animal, mais chez certaines espèces, comme la « chouette effraie »  (ou « effraie des clochers »), elles peuvent s’accumuler en grandes quantités dans leur dortoirs et leur nids (clochers, granges…) et sont alors plus faciles à ramasser !
Le décortiquage des pelotes permet de connaître le régime alimentaire de l’oiseau, mais c’est aussi un excellent moyen de mieux connaître les espèces de micromammifères de nos contrées, difficiles à observer (craintifs, discrets et souvent nocturnes). Un lot de pelotes récolté dans un dortoir de chouette effraie par exemple nous informera  sur les  espèces de mulots, campa¬gnols, musaraignes présentes dans à proximité, dans un rayon de quelques kilomètres. Sur la base de ce travail réalisé partout en Normandie, le Groupe mammalogique normand relance un atlas des mammifères de la région, et les pelotes sont un important pourvoyeur d’information sur la répartition de tous les petits mammifères.
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Un atelier pelote ?

Lors de l’après-midi « pelotes », les animateurs ont d’abord présenté aux participants les pelotes, leur origine et les principales espèces de chouettes et de hiboux qui rejettent.
Nos apprentis mammologues se sont ensuite exercés au décorticage manuel des pelotes, découvrant tour à tour toutes les pièces qui composent un petit squelette de vertébré (côtes, omoplates, fémurs, vertèbres…). Les crânes et les mandibules ont été soigneusement mis de côté puis nettoyés avec de vieilles brosses à dents (oui oui vous avez bien lu !!) et de fines pinces, de manière à pouvoir bien observer les dents, essentielles pour identifier un crâne.
Tout le petit groupe a pu apprendre à différencier les insectivores (musaraignes, hérissons…) avec leurs nombreuses dents pointues, les mulots et souris aux dents à racines (comme nous !), et les campagnols, aux dents plates en zigzags. L’observation à la loupe binoculaire d’une musaraigne à dents rouges ou le détail d’une minuscule dent émerveillent à chaque fois !
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Les plus chevronnés sont venus avec leur collection personnelle pour échanger sur des critères, d’autres sont repartis avec quelques-uns des crânes qu’ils ont pu identifier tout seul.
La dizaine de pelotes que nous avons décortiqué provenait de La Chapelle-Montligeon, au lieu-dit « Le Bourgis ». Voici les résultats des quelques 32 proies identifiées lors cette petite chasse au trésor, suivie d’un pot et de quelques biscuits !
- Campagnol des champs , Microtus arvalis = 5
- Campagnol agreste, Microtus agrestis = 2
- Campagnol roussâtre, Chletrionomys glareolus = 2
- Mulot sylvestre, Apodemus sylvestris = 5
- Musaraigne musette, Crossidura russula = 8
- Musaraigne couronnée, Sorex coronatus = 6
- Rat des moissons, Micromys minutus = 5