Exposition - Herbicides : quelles utilité ?
Un constat désastreux
Ces produits issus des avancées de l’industrie agrochimique des années 1970 sont largement utilisés aujourd’hui pour :
- éliminer la végétation jugée gênante et l’empêcher de se propager ;
- satisfaire une conception culturelle récente du « beau » et du « propre ».
Ces produits apportent facilité de travail à leurs adeptes. Ils sont aisés à utiliser et sont largement répandus dans les potagers, les massifs, les espaces publics.
L’agriculture intensive est, de loin, le premier utilisateur d’herbicides en France. Mais ce n’est pas la seule. Le reste étant réparti entre les utilisations privatives, pour les jardins, 20% du total, et les utilisations publiques, pour les espaces verts (entretien des espaces verts des collectivités locales, voiries, réseau SNCF, etc.).
CE QUI NE SE DIT PAS …
80 % de ce qui est répandu (herbicides et autres pesticides) n’atteint pas sa cible et se retrouve :
- Dans l’air, donc dans les voies respiratoires de tout être qui respire ;
- Dans le sol, donc dans les aliments ;
- Dans l’eau (rivières, nappes phréatiques, mais aussi précipitations, brumes, brouillards...), donc dans le corps de tout être qui boit. L’eau du robinet n’est pas traitée contre toutes ces pollutions.
Conséquences environnementales
Sur un sol nu, les premiers végétaux qui repoussent sont ceux que l’on veut éliminer (orties, rumex, chardons…). Les espèces végétales offrant gîte et nourriture à grand nombre d’animaux sont ainsi supprimées.
La mise à nu d’un sol, que ce soit mécaniquement ou chimiquement, favorise son érosion et son compactage.
L’action des herbicides, combinée avec celle des autres pesticides (insecticides, fongicides, etc.) et des fertilisants contribue à :
La disparition des insectes pollinisateurs : sans eux, plus de fruits, plus de graines, mais beaucoup de problèmes agricoles ! !
- La disparition de la faune du sol (dont les lombrics). Or cette faune joue un rôle essentiel dans le cycle de la matière organique. Sans cette faune, le sol se stérilise ;
- La pollution de la chaîne alimentaire, responsable de la disparition de beaucoup d’espèces animales. Les oiseaux sont très touchés par ce phénomène.
Et la santé ?
Une toxicité immédiate peut se déclarer à l’épandage de ces produits (herbicides et autres pesticides).
Mais il existe aussi une toxicité à long terme. L’organisme n’élimine pas les produits de synthèses. Il les accumule peu à peu dans les graisses, et des maladies graves telles le cancer, des problèmes de stérilité, etc. peuvent se déclarer au bout de plusieurs années. Ne retrouve-t-on pas ces produits dans le lait maternel ? Bien sûr, cet effet retard masque le lien entre ces produits et ces méfaits. Il n’en est que plus urgent de bannir leur utilisation de nos habitudes.
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UN EXEMPLE : LE GLYPHOSATE
Les produits à base de glyphosate ont été présentés comme totalement inoffensifs. Or leur principal métabolite est très persistant dans l’environnement (sa demi-vie dans le sol peut atteindre 958 jours…) ;
Les adjuvants entrant dans leur composition accroîtraient encore cette toxicité.
En juin 1997 à New-York, la publicité affirmant que ces produits étaient biodégradables et respectueux de l’environnement a été interdite.
Le 29 octobre 2008 , la cour d’appel de Lyon a également confirmé en jugement le mensonge publicitaire affirmant
l’innocuité de ces produits.
L’APPEL DE PARIS
L’Artac, association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse, a lancé le 7 mai 2004 l’Appel de Paris, déclaration internationale sur les dangers sanitaires de la pollution chimique. Cet appel signé par de nombreuses personnalités et associations connaît un succès grandissant.
Nous, scientifiques, médecins, juristes, humanistes, citoyens, convaincus de l’urgence et de la gravité de la situation, déclarons que,
Article 1. Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l’environnement
Article 2. La pollution chimique constitue une menace grave pour l’enfant et pour la survie de l’homme
Article 3. Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c’est l’espèce humaine qui est elle-même en danger. Nous appelons les décideurs politiques nationaux, les instances européennes, les organismes internationaux, en particulier l’Organisation des Nations Unies (ONU), à prendre toutes les mesures nécessaires en conséquence, et en particulier :
Mesure 1. Interdire l’utilisation des produits dont le caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR) est certain ou probable chez l’homme tel qu’il est défi ni par les instances ou organismes scien tifi ques internationaux compétents, et leur appliquer le principe de substitution ; exceptionnellement, lorsque la mise en oeuvre de ce principe est impossible et que l’utilisation d’un produit concerné est jugé indispensable, restreindre son utilisation au strict minimum par des mesures de contingentement ciblé extrêmement rigoureuses.
Mesure 2. Appliquer le principe de précaution vis à vis de tous produits chimiques pour lesquels, en raison de leur caractère toxique autre que celui défi ni dans la mesure 1 (voir § 9 et 13), ou de leur caractère persistant, bioaccumulable et toxique (PBT), ou très persistant et très bioaccumulable (vPvB), tels que défi nis internationalement, il existe un danger présumé grave et/ou irréversible pour la santé animale et/ou humaine, et de façon générale pour l’environnement, sans attendre la preuve formelle d’un lien épidémiologique, afin de prévenir et d’éviter des dommages sanitaires ou écologiques graves et/ou irréversibles.
Mesure 3. Promouvoir l’adoption de normes toxico-logiques ou de valeurs seuils internationales pour la protection des personnes, basées sur une évaluation des risques encourus par les individus les plus vulné rables, c’est à dire les enfants, voire l’embryon.
Mesure 4. En application du principe de précaution, adopter des plans à échéance programmée et objectifs de résultat chiffrés, afin d’obtenir la suppression ou la réduction strictement réglementée de l’émission de substances polluantes toxiques et de l’utilisation de produits chimiques mis sur le marché, tels que les pesticides sur le modèle de réduction d’utilisation de la Suède, du Danemark, ou de la Norvège.
Mesure 5. En raison des menaces graves qui pèsent sur l’humanité, inciter les Etats à obliger toute personne publique ou privée à assumer la responsa bilité des effets de ses actes ou de ses carences à agir, et lorsque cette responsabilité n’est pas du ressort d’un Etat, faire relever celle-ci d’une juridiction inter nationale
Mesure 6. S’agissant du réchauffement planétaire et de la déstabilisation climatique, cette responsabilité implique l’obligation pour les Etats de mettre en oeuvre des mesures fortes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sans attendre la mise en appli cation effective du protocole de Kyoto.
Mesure 7. Concernant l’Europe, renforcer le programme REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of CHemicals) de régulation de la mise sur le marché des produits chimiques de façon, notamment, à assurer la substitution des plus dange reux pour l’homme par des alternatives moins dange reuses, et concernant le monde, adopter une régle mentation internationale de régulation de la mise sur le marché des produits chimiques sur le modèle du programme REACH dans une version renforcée.
Les solutions alternatives
Désherbage thermique
Il consiste à produire de la chaleur et à la diriger sur une herbe indésirable. Le choc thermique provoqué a pour effet de faire éclater les cellules de la plante. Le but n’est donc pas de brûler la plante mais de provoquer un choc thermique. Plus l’utilisation sera faite sur une plante jeune plus l’efficacité sera grande. Si le choc est provoqué sur une plante couverte de rosée, l’action sera plus efficace.
Plusieurs techniques existent :
- Brûlage à la flamme : il s’effectue à l’aide d’une canne de désherbage. Elle se compose d’un brûleur à flamme torche, d’une poignée avec un robinet de réglage du débit du gaz, et d’environ 5 m de tuyau. Cette canne se branche sur une bouteille de butane ou propane.
- Brûlage par un rayonnement infrarouge ;
- Brûlage par une projection de vapeur d’eau.
TÉMOIGNAGE
« J’ai utilisé le désherbeur thermique mais maintenant j’ai arrêté car … je me suis habituée à l’herbe, elle me gêne beaucoup moins qu’avant. J’ai aussi semé » du trèfle : sa croissance est lente, cela tapisse bien, çà ne monte pas vite, çà couvre bien et en plus çà fl eurit ! Pour les grandes herbes, j’utilise le fil débroussailleur et je passe beaucoup moins souvent ! De plus, selon les végétaux (par exemple les cistes) la grosse chaleur fait éclater les graines et leur multiplication est favorisée. »
Le désherbage s’effectue en passant l’appareil pendant une à deux secondes à une distance d’une dizaine de cm de l’herbe. Cette opération, pour être effi cace, doit être réalisée sur de jeunes plantules.
Les plantes à port érigé avec des feuilles peu épaisses sont faciles à contrôler par cette méthode (chénopode, mouron…). Pour les plantes plus développées ou résistantes (chiendent, lierre…), plusieurs passages à 15 jours d’intervalle sont nécessaires. Les plantes à port rampant ou ayant un point végétatif protégé (sous terre) sont diffi ciles à maîtriser (pâturin, capselle, graminées). Les vivaces installées nécessitent toujours plusieurs applications pour simplement les freiner.
AVANTAGES
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INCONVENIENTS
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Fauchage et broyage
Le broyage et le fauchage sont deux techniques qui peuvent être utilisées quand on ne cherche pas à éliminer les plantes, mais à maîtriser leur développement, que ce soit pour le jardin ou les espaces verts (bords de route, ronds-points, bordures d’allées…). Les deux techniques sont un peu différentes : lors du fauchage, on exporte l’herbe coupée alors que lors du broyage, on laisse les résidus de matière sur place. Le broyage coupe l’herbe plus ras que le fauchage. Selon les lieux et les objectifs, on choisira une des deux techniques :
PARTOUT, on laissera des espaces non coupés (autour des allées, autour du jardin, sur les talus). Cela permettra de maintenir des lieux de vie équilibrés.
Paillage
Opération consistant à recouvrir le sol nu, au pied des plantes cultivées, avec des matières végétales ou minérales opaques mais laissant passer l’air et l’eau. Cette pratique protège la structure de la terre, limite les pertes d’eau et la croissance de la concurrence herbacée (adventices) au pied du plant.
Quelques exemples de paillages naturels :
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Il existe d’autres types de paillage :
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Le paillage organique est intéressant car il se décompose lentement et apporte des matières utiles aux plantes et aux vers de terre qui participent à leur intégration au sol.
Cette technique peut être appliquée dans différents espaces verts : au potager, au verger, au pied des jeunes haies et de jeunes arbres et arbustes, mais également dans les massifs de plantes vivaces et annuelles. Les plantes en pot et jardinières peuvent aussi être paillées.
AVANTAGES
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INCONVENIENTS
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Engrais verts et couvre-sol
L’utilisation d’engrais verts ou de plantes couvre-sol est une technique issue l’agriculture, basée sur la concurrence entre les plantes, qui permet de lutter efficacement contre le développement d’espèces indésirables tout en maintenant un couvert végétal.
Les engrais verts sont des plantes vivaces à croissance rapide dont les graines sont semées sur une surface nue et qui permettent d’enrichir le sol en matières organiques. Leur croissance rapide permet de limiter le développement des plantes indésirables avec lesquelles elles rentrent en concurrence.
Une fois poussées, ces plantes sont fauchées puis sont enfouies dans le sol. En se décomposant, elles apporteront des éléments essentiels pour les cultures futures. Si elles sont laissées à la surface, elles forment un excellent paillage.
Leur utilisation permet d’occuper astucieusement les parcelles nues du potager pendant l’hiver et elles se révèlent très décoratives lors de leur floraison.
Les plantes couvre-sol sont des plantes à haut pouvoir de recouvrement qui forment au fil du temps un tapis dense et qui empêchent ainsi les autres espèces de se développer. Elles nécessitent une mise en place soignée et un suivi rigoureux la première année, jusqu’à couverture totale du sol et un travail occasionnel de désherbage manuel par la suite.
Exposition réalisée par l’Association Faune et Flore de l’Orne en 2009 grâce au soutien financier du Conseil Régional de Basse-Normandie