Carrière de Belle Eau

entete

LOCALISATION : Argentan
SUPERFICIE : 18 960 m2

 

 

 

Le site


La carrière de Belle Eau constitue un milieu artificiel puisque créé par l'homme pour satisfaire ses besoins en matériaux. L'exploitation a pris fin peu après la seconde guerre mondiale.

siteSon abandon a permis à une flore et à une faune particulières de trouver un refuge dans la plaine d'Argentan. Plus de 70 espèces végétales vivent dans ce milieu dont quelques unes considérées comme rares en Basse-Normandie.

En 1989, l'ancienne carrière est achetée par la ville d'Argentan.

En 1994, l'Association Faune et Flore de l'Orne voyant que le site devenait un lieu de décharge propose à la ville d'y créer une réserve pour la faune et la flore. Ce projet sera immédiatement accepté et l'A.F.F.O. s'en verra confier la gestion et le suivi scientifique. De 1995 à 1997, date de l'inauguration, différents travaux ont été réalisés à commencer par le nettoyage général du site.

Depuis, régulièrement, l'association en partenariat avec le Conservatoire Fédératif des Espaces Naturels continue d'entretenir et de faire évoluer ce site en organisant des chantiers nature ouverts au public.

Cette ancienne carrière présente un intérêt pédagogique, certes au point de vue géologique mais aussi au point de vue floristique et faunistique (notamment en raison de la nature calcaire et poreuse du sol).

 ↑↑

Le fond de la carrière


Dans le fond de la carrière, le sol profondément remanié par l'exploitation est soumis à de fortes variations hydriques au cours de l'année : très sèche l'été, la carrière peut être entièrement gorgée d'eau l'hiver.

fondCes conditions hydriques variables sont idéales à l'Ophioglosse commun, plus communément appelé "langue de serpent" en raison de la forme de son épi. Cette plante qui est une fougère, ne possède pas de fleurs ni de pollen mais se reproduit grâce à des spores.

L'Orchis négligé est typique des substrats calcaires humides. Cette orchidée est en forte régression sur le territoire en raison de la mise en culture, de l'assèchement et de la destruction des zones humides.

Peu commune dans l'Orne, la Samole de Valérand est présente à Belle Eau où elle forme des tapis de petites fleurs blanchâtres.

La puissance du chant de la rainette verte ne laisserait penser à une espèce de si petite taille. Cette grenouille, également appelée rainette arboricole en raison de ses capacités à escalader la végétation, est dotée de petites ventouses au bout de chaque doigt. Couplées à son faible poids, elles lui permettent de se hisser à de véritables falaises végétales.

  ↑↑

La pelouse calcicole


A la périphérie du site, le Thym serpolet et l'Origan sauvage nous font presque oublier la Basse-Normandie. L'exposition ensoleillée et la nature poreuse du substrat calcaire offrent des conditions desséchantes favorables à ces espèces de répartition habituellement plus méridionale.

pelouseDissimulé parmi les hautes herbes, l'Ophrys abeille est une curiosité. Le labelle de cette orchidée surprenante imite à la perfection l'abeille femelle. Les mâles, attirés par cette apparence trompeuse, se précipite sur ces fleurs portant le pollen de proche en proche, permettant ainsi la pollinisation donc la fécondation et la reproduction de cette espèce.

Ce type de milieu présente un attrait pour l'entomofaune héliophile (insectes ayant besoin du soleil) et notamment les papillons. L'ancienne carrière de Belle Eau accueille deux Lycènes en voie de disparition dans l'Orne et à l'écologie très particulière. Les chenilles sont transportées par des fourmis dans leur fourmilière où elles passeront la mauvaise saison avant de s'y transformer et de s'envoler. Il s'agit de l'Argus bleu nacré et de l'Argus bleu céleste dont les chenilles se nourrissent d'une plante inféodée aux terrains calcaires secs, l'Hippocrepis à toupet.

 ↑↑

Le front de taille


Les éboulis rocheux offrent des conditions peu propices à la colonisation végétale à l'exception de quelques espèces : le Bugle de Genève, le Bugle jaune, la Laitue vivace et le Saxifrage à trois doigts.

frontBeaucoup de ces espèces sont des espèces colonisatrices qui s'installent en premier sur des sols nus, dépourvus de terre. En participant à la fixation du substrat par leurs racines et à l'enrichissement du sol en matières organiques et en éléments nutritifs lors de leur dégradation, elles faciliteront l'installation ultérieure d'espèces dites post pionnières. C'est ce que l'on appelle la succession végétale.

Si vous entendez comme un grincement de boules de pétanque frottées l'une contre l'autre, ne vous étonnez pas, c'est le Pélodyte ponctué qui chante. Ce batracien affectionne les milieux perturbés et fortement remaniés tels que les carrières, les arrières dunes, les biotopes humides. L'aménagement de ces zones constitue un danger pour cette espèce aujourd'hui menacée.

 ↑↑

La géologie


Il y a 164 millions d'années…

Une mer chaude envahit la région. A Belle Eau, la profondeur atteint 5m; le milieu animé de courants forts et changeants est agité.

Dans cette eau chaude, saturée en carbonate de calcium, se forment des oolithes. Une oolithe est formée d'un noyau (fragment d'organisme, gravier…) autour duquel précipite, en couches concentriques, du carbonate de calcium. Elle prend alors cet aspect caractéristique de " petit œuf ". Cette sédimentation conduit au calcaire oolithique pouvant contenir des grains de quartz provenant de l'érosion des îles armoricaines voisines.

Il y a 162 millions d'années…

La mer est toujours présente à Belle Eau mais les conditions de sédimentation ont changé. L'eau est plus calme, le milieu plus profond, la nature du sédiment est donc aussi différente. On observe un calcaire gris noduleux dans une marne ocre (caillasse de Belle Eau). La communauté biologique est plus riche en éponges calcaires et en brachiopodes.

 ↑↑

La carrière en images


 ↑↑

Voir aussi...


Réserve Roger Brun
Chène de la Lambonnière
Réserve de Houles Blanches
Carrière de la Tourelle
Les chantiers nature